Le village gardois de Cornillon, encore d'aspect médiéval, est l'un des plus beaux de la vallée de la Cèze qu'il domine depuis son promontoire rocheux.
L'histoire de Cornillon est liée à celle de son château dont les origines remontent au XIIe siècle et dont on peut aujourd'hui voir les ruines encore significatives où se déroule des concerts.
Vers 1121, une première forteresse est mentionnée dans les archives.
Dans la seconde partie du XIIe siècle, elle appartient aux évêques d'Uzès.
Au début du XIVe siècle, une famille originaire du Limousin, les Roger de Beaufort, devint propriétaire du château. Ces nouveaux seigneurs sont déjà fieffés à Rosiers-d'Égletons, dans la vicomté de Ventadour, grâce à la munificence de la papauté d'Avignon.
Avec l'aide financière de son frère et pape Clément VI, Guillaume II Roger, comte de Beaufort, achète, entre 1342 et 1352, les seigneuries de Cornillon, Vénéjan, de Portes et la Baronne d’Anduze.
Avec le testament de Guillaume II, dressé le 23 août 1379, Raymond de Beaufort doit devenir le nouveau seigneur de Cornillon. Ce dernier reçoit effectivement, à la mort de son père (le 4 mars 1380), la seigneurie de Cornillon avec la moitié de la vicomté de Valernes, la seigneurie de Saint-Rémy de-Provence, les châteaux de Marguerittes, les mas de Saint-Mabille
et de Vérune, propriétés viticoles.
Raymond de Beaufort a profité des largesses et des bienfaits du pape Grégoire XI, son demi-frère.
Au début de l'année 1382, les Tuchins, paysans pauvres et armés venus de la Haute Auvergne, descendent la vallée du Rhône et s'emparent, entre autres, du château de Cornillon et de son trésor (évoqué plus bas, au niveau de l'église paroissiale).
Guillaume III Roger de Beaufort, lieutenant des armes du Sénéchal de Beaucaire, organise immédiatement la répression contre les Tuchins en les chassant de Cornillon et en signant avec leurs chefs, une paix en février 1383.
Avec sa mort en 1420, le village et le château de Cornillon deviennent possession de Louis de Canilhac, fils de son demi-frère. En effet, Raymond de Beaufort n'a pas héritiers.
Le clocher de l'église, qui remonte au XIIe siècle mais a subi des sérieux remaniements, date de la fin du XVe siècle avec sa toiture conique.
Il semblerait que l'église se confonde avec l'histoire de la chapelle castrale de Cornillon, dédiée à Saint-Martial de Limoges, qui a servit de salle au trésor pour abriter les richesses de Clément VI, le frère de Guillaume-Roger, seigneur de Cornillon.
On y trouvait, selon un inventaire établi à l'époque, une partie de sa vaisselle (soixante-six pièces en argent doré et deux-cent quarante et une pièces en argent blanc), des crucifix ornés de perles et pierres précieuses, des croix pectorales en or et en argent, des dizaines d’anneaux épiscopaux et pontificaux, deux reliquaires en argent doré dont l'un contient un morceau de la croix de Saint-André et l'autre des ossements de Saint-Thomas, des patènes en or, des burettes en argent, des bagues et anneaux ornés de rubis, de saphir et de pierres précieuses, des gemmes et des perles, des vêtements sacerdotaux, des vases sacrés, une horloge ornée ainsi qu'une somme équivalent en argent à 139 970 livres.
Des anciennes fortifications médiévales enserrant le village de Cornillon, il subsiste de long pans de murailles et quelques tours carrées.
Remontant aux XIIe-XIIIe siècles, ces remparts, bien que préservés de la destruction, mériteraient d'être restaurés et débarrassés de la végétation envahissante.
L'une des tours carrées du rempart (la mieux conservée) et au fond un pan de mur du château
ayant gardé une partie, certes réduite, de ses mâchicoulis (XIVe siècle)
La tour carrée de l'enceinte la mieux préservée mais envahie par la végétation
Vestiges d'ancien mâchicoulis
Revers des remparts
Du château médiéval, il ne reste plus grand chose d'époque, si ce n'est ce mur remontant au XIIIe siècle et qui masque aujourd'hui des gradins modernes utilisés pour accueillir les visiteurs et les mélomanes.
Les ruelles qui serpentent à travers le village sont les témoins d'un passé médiéval encore bien présent. En flânant dans ses petites rues, on découvre ainsi des passages voûtés, des arcs en plein cintre établis entre les demeures afin d'éviter que les murs ne s’effondrent...
Ruelle avec une fenêtre d'angle à meneaux (Début XVIe siècle)
Unique passage voûté de Cornillon établit le long de la pente
Gargouille à tête de chauve-souris